Anticipation paysagère
L’espace concret préexiste à nos inventions paysagères et les représentations de celui-ci les anticipent
Les paysages sont inventés par perception, dans le temps d’une émotion. Or « Tout est anticipation dans la perception des choses1 ». De ce fait, on n’aborde jamais des lieux et des sites nouveaux sans en avoir déjà une idée, grâce aux représentations, picturales, photographiques ou littéraires, qui les concernent.
Pour le paysagiste, avant de se livrer à la reconnaissance sensible d’un terrain physique, il est méthodologiquement important de se libérer des anticipations qu’il est déjà capable d’en faire par des représentations paysagères, textuelles et graphiques. Ses démarches sensibles doivent être effectuées avant d’avoir relancer une recherche documentaire sur le territoire dont il se propose d’évaluer les potentialités paysagères. Sinon ce sont ces savoirs mobilisés qu’il retrouverait sur le terrain. N’est-ce pas essentiellement ce que l’on sait déjà que l’on est capable de voir… ?
Ce phénomène de l’anticipation paysagère est si important, et pas seulement pour les professionnels paysagistes, que la valeur des paysages effectivement découverts et inventés polysensoriellement sur les lieux sera en grande partie, fonction de leur confrontation avec les paysages culturellement anticipés.2 (Au)