Année : 2020

Ready-made ou Temporalité paysagère

Ready-made ou Temporalité paysagère
« Ready-made paysager »

Marcel Duchamp, par le déplacement physique de certains objets, en a modifié le statut. Par le simple emprunt il leur offre un statut d’œuvre, de réalisation. C’est le changement de contexte qui fait œuvre et c’est principalement le contexte du musée qui modifie le rapport à ces objets. Déplacer c’est montrer autrement et c’est ce qui aboutit ou invite à une autre considération. Dans le domaine du paysage, changer le regard peut être considéré comme un ready-made. Les réceptacles de la sacralisation que sont le musée, le socle…, sont remplacés par le fait de la considération énoncée, de la citation, du montré mais aussi par le déplacement du public en des lieux choisis. Ce type d’intervention change des sites de l’ordinaire, du quotidien, en intention ou en œuvre paysagère. Au déplacement du public s’associe l’idée de la cérémonie initiatique qui résulte souvent de l’action temporaire d’un artiste, d’un paysagiste. Guy Tortosa dans « Jardins ready-made et jardins minimaux » (in : Le jardin art et lieu de mémoire) nomme le mobilier paysager (bancs, table d’orientation …) comme des embrayeurs pour une perception grâce à eux décuplée.

Une suite de lieux peut proposer un parcours offert comme paysage. (V. l’Invitation à une découverte des jardins de Versailles proposée et écrite par Louis XIV). L’énoncé attaché à l’instant de la cérémonie implique une temporalité de l’intervention, qui peut alors s’étendre au développement durable. Car la fin de cette intervention ne signifie pas obligatoirement le retour à la banalité, au quotidien des lieux concernés. Les intervenants n’étant plus là, leur action éphémère peut entrer dans une logique de durabilité. Cela suppose la justesse de la proposition qui prendra alors de l’autonomie et qui engendrera un processus de révélation de logique de territoire. (La)