16 novembre 2018
L’implantation de commerces marque considérablement les paysages quotidiens, qu’ils soient situés en tissu urbain central ou sous la forme centres commerciaux périphériques. Les traitements spatiaux, voire paysagers qui sont mis en œuvre sont autant révélateurs qu’incitateurs de leurs fréquentations.
Aujourd’hui le développement irrépressible des entrées de ville nécessite un effort pour maintenir ou réinjecter le commerce dans des espaces où il était bien plus présent il y a 30 ou 40 ans. C’est par exemple, le cas du commerce rural pour lequel l’INSEE souligne les disparités marchandes. C’est le cas aussi des cœurs de ville, au centre d’une politique gouvernementale nouvellement mise en place, pour redonner du lustre aux centre-villes des villes petites et moyennes. En effet, le commerce est considéré tout à la fois comme un révélateur, un catalyseur et un instrument de la revitalisation des espaces. Révélateur de la vitalité des espaces, il l’est aussi de la transcription spatiale des inégalités socio-économiques, des pratiques communautaires, des référents identitaires. Les pratiques de badauds et consommateurs témoignent d’une approche qui se doit être de plus en plus ciblée et qualitative des lieux marchands, pour qu’ils ne soient pas des non-lieux, conçus pour tous donc paradoxalement discriminants.
En novembre 2017, l’INSEE produit un dossier confrontant commerces et inégalités territoriales. L’étude relève que « le commerce de détail est plus dynamique sur les littoraux atlantique et méditerranéen, dans la région parisienne et la vallée du Rhône. Le petit commerce reste par ailleurs plus développé dans le quart sud-est, à l’inverse de la région parisienne et des départements septentrionaux ». « À une échelle géographique plus fine, la problématique porte davantage sur l’accessibilité des magasins du quotidien. Elle est moins bonne dans les communes rurales que dans les communes urbaines : à une densité de population plus faible s’ajoute un nombre inférieur de commerces par habitant. Certes meilleure dans les communes urbaines, la proximité aux commerces est cependant loin d’y être uniforme. Si la densité de population y est le facteur principal d’hétérogénéité, la distance à la plupart des commerces a également tendance à diminuer quand le revenu moyen de la population ou la part des personnes âgées augmentent. »
L’ambition du colloque Commerces et inégalités est d’envisager le rapport inégalités et implantations commerciales au prisme de leurs traitements spatiaux et des propositions d’inscription paysagères dont ils sont l’expression. C’est-à-dire que l’on postule que l’inscription paysagère et architecturale des commerces influe sur les modes d’habiter la ville, qu’elle est ainsi l’expression de représentations, de projections, voire de stéréotypes portés sur des territoires et sur la population qui les habite.
Suivant cette hypothèse, les communications présentées à ce colloque s’intéresseront à des terrains différenciés de grandes villes, de centre-bourgs, à l’expression d’inégalités géographiques, sociales…
programme :
9h15 - Accueil
9h30 – Introduction de la journée
Corinne Luxembourg, Géographe, Maîtresse de conférences à l’ENSA Paris La Villette, AMP
9h45 - Quelques éléments de réflexions sur les interactions entre commerce et fabrique de la ville
Philippe Dehan, Architecte, Professeur à l’ENSA Paris La Villette, UMR AUSser
10h30 - Enjeux de justice spatiale dans les paysages de consommation intra-urbains
Marta Alonso Provencio, Architecte SIA, Docteure en géographie, Enseignante à l’Université de Genève
11h15 - Quelle place pour une centralité commerciale africaine dans un quartier en
gentrification ? Action publique et usages populaires dans le quartier de Château-Rouge à Paris.
Marie Chabrol, Géographe, Maîtresse de Conférences à l’Université de Picardie Jules Verne, EA Habiter le Monde
12h00 - Discussion
12h15 - Pause repas
13h45 - L’emprise des commerces sur la ville. La qualification spatiale, sensible et sociale des
commerces vacants dans leur relation à leur contexte urbain limitrophe.
Sylvie Laroche,, Docteure en architecture, Chercheure associée UMR AAU Cresson, Post-doctorante
C.S.T.B
14h30 - Vers un développement inégal du commerce alimentaire électronique dans les
territoires ?
Pascal Madry, Urbaniste, UMR Ladyss , Directeur de l’Institut pour la Ville et le Commerce, Paris
15h15 - Agriculturisation des villes – la redynamisation des centres villes par l’Agricole
Jean-Pierre Bouanha, Architecte, Président d’AgreenCity
16h00 - Discussion
16h15 - Conclusion de la journée
Nicolas Lebrun, Géographe, Maître de conférences à l’Université d’Artois, EA Discontinuités