Intervention dans le colloque « DESSIN - DESIGN - PROJET. Représenter et reconfigurer les espaces ouverts » organisé par AMP le 23 et 24 mai 2019.
Une interrogation sur l’expérience que peut offrir un espace composé (dessiné, construit, aménagé) est toujours présent, au moins en arrière-plan, dans les réflexions et la pratique des concepteurs de l’espace, mais elle n’a pas toujours été accompagnée par une réflexion analytique. Dans les années 60, plusieurs chercheurs et concepteurs ont ressenti le besoin de mettre au point des outils d’analyse de l’expérience spatiale et ont développé indépendamment différentes méthodes de notation (les plus connus étant les travaux de Halprin et de Lynch et ses collaborateurs). Relativement oubliées pendant plusieurs décennies, ces méthodes connaissent aujourd’hui un regain d’intérêt, et un certain nombre de recherches, en particulier historiques, leur sont consacrées. Cet intérêt se retrouve également dans la curiosité qu’éveille depuis quelques années, chez des enseignants et chercheurs dans différents domaines (projet de paysage, géographie urbaine, psychologie de l’environnement), la partition expérientielle que j’avais développée dans le cadre de ma recherche doctorale.
Au-delà de l’intérêt purement graphique (non négligeable) de ces systèmes de notation, il est intéressant de se poser les questions de leurs présupposés théoriques, de leurs usages, des nouvelles questions qu’ils permettent, mais aussi de leurs limites. À travers les choix graphiques qu’ils obligent à faire (Que représenter ? Quels symboles utiliser ? Selon quelles temporalités ?), comment les questions qu’ils permettent de poser peuvent compléter et enrichir ce qu’apportent les représentations cartographiques ? Qu’apporte leur utilisation pour représenter un parcours imaginé dans un espace réel, comme dans ma recherche sur Versailles, à partir de plans et de descriptions (Szanto, 2009, 2010) ; un parcours noté en temps réel comme les exercices demandés à des étudiants à Stockholm (Szanto et Bergsjö, 2018), Ermenonville et Budapest ; ou un parcours imaginaire dans un projet (Szanto et Bergsjö, 2018) ? Comment peuvent-ils être appropriés par des professionnels (et futurs professionnels) de la conception spatiale, ou par des usagers de l’espace, souvent mal à l’aise par rapport au dessin cartographique, et qu’une telle représentation, plus abstraite mais demandant moins de compétence graphique, peut rebuter ou au contraire encourager.
Dans mon exposé, j’aborderai quelques-unes de ces questions, au vu de mon expérience récente d’enseignement et de recherche.