AMP > Formations > Master > Cours de projet > Paysage/S Architecture et aléas (...)
Année : 2020

Paysage/S Architecture et aléas naturels : territoires du littoral urbains (P709)

Paysage/S Architecture et aléas naturels : territoires du littoral urbains

Equipe enseignante

S. Roussel, B. Cimerman

Objectifs

Aujourd’hui, 60% de la population mondiale vit à moins de 60km du rivage. Selon le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), cette proportion sera de 75% d’ici 30 ans. D’une part les rivages ainsi artificialisés perdent leur rôle de tampon entre terre et mer. D’autre part, les phénomènes naturels, et en particulier ceux liés au réchauffement climatique, soumettent ces territoires à des évolutions fortes, peu compatibles avec une urbanisation croissante.

Jusqu’à présent les états ont réagi face à ces phénomènes par une pensée de contrôle de la nature. Aujourd’hui, de nombreux acteurs, dans un contexte de forte diminution des budgets publics, remettent en cause cette pensée de contrôle pour explorer des démarches d’adaptation sur le long terme : érosion marine, submersion, inondation par cours d’eau, sont autant d’aléas naturels avec lesquels il faut apprendre à composer en repensant l’habitabilité ou le mode d’habiter des territoires littoraux.
Mais la nécessité d’un changement des comportements pour évoluer vers des modes de vie durables en terme d’environnement va aussi obliger ces territoires à évoluer fortement en réfléchissant à une meilleure articulation entre nature et artifice, entre nature et urbanité.

Durant ce semestre, sur un territoire donné, nous travaillerons à l’échelle architecturale et à l’échelle urbaine à l’élaboration de propositions dont l’objectif sera de permettre à ce territoire d’évoluer dans une posture d’adaptation aux aléas naturels et vers des modes de vie durables. C’est un travail prospectif que nous menons mais nous le faisons avec des partenaires locaux avec qui nous dialoguons durant tout le semestre. Nous sommes donc dans le cadre d’une ‘commande’, ce qui va vous permettre de comprendre comment l’architecte doit prendre en considération des demandes et problématiques de court terme mais aussi s’en extraire afin de voir plus loin, de décaler le regard pour dépasser la réponse au cas par cas et arriver à des propositions de projet qui aient une dimension générique.
Ce travail s’articule donc bien sûr au croisement d’approches multiples que sont : la question de l’identité d’un territoire et des personnes, les politiques de préservation de l’environnement et de lutte contre le réchauffement climatique, les problématiques de patrimoine et de conservation mais aussi l’approche technique, géographique, économique et juridique.
Nous précisons que le mot Paysage pour nous est entendu comme un tout, constitué de l’espace construit et non-construit. La notion de Paysage permet, quelque soit l’échelle du projet, de dépasser l’idée d’architecture stricto sensu pour s’inscrire dans une échelle urbaine : il n’y a pas d’un côté un objet architectural et de l’autre côté un extérieur, jardin ou espace public, mais l’aménagement d’un territoire quelle que soit l’échelle du projet.

Contenu

Notre groupe de projet a établi cette année un partenariat avec le Parc Naturel du Marais Poitevin, la commune de Marans et l’architecte des bâtiments de France de la DRAC Charente Maritime.
Notre site de travail sera la Commune de Marans. Cette commune se trouve dans le département de la Charente-Maritime, en région Nouvelle- Aquitaine.
Elle est située au coeur du Marais Poitevin (2e zone humide de France après la Camargue). C’est une commune de 4700 habitants. Elle se place à l’articulation de deux paysages caractéristiques de ce marais : le marais dit mouillé appelé aussi Venise verte, zone de prairies et d’agriculture qui concentre l’attrait touristique et le marais dit desséché consacré à l’agriculture, plutôt intensive.
Mais Marans est aussi à 10km de la mer, traversée par la Sèvre Niortaise et par de très nombreux canaux. Elle située sur ce que l’on appelle un ‘îlot calcaire’ : ces îlots étaient des îles avant que ce territoire ne soit asséché par l’homme pour être cultivé. Lors de la tempête Xynthia l’eau est remontée par ces canaux jusqu’à arriver aux portes de la ville. Construire dans les terres basses y est interdit et serait très dangereux. Les projections d’élévation du niveau de la mer d’un mètre (vers 2100) transforment profondément le paysage alentours et questionnent le devenir de la ville.
A court terme, à Marans, les enjeux concernent la qualité de vie, le maintien de population, l’activité économique.
A moyen terme, sur le 21e siècle, l’enjeu est l’élévation du niveau de la mer, la perturbation du fonctionnement des marais sec et humide, et le risque de submersion fluviale et marine. C’est pour ce moyen terme que nous souhaitons développer une réflexion plus large, inscrite dans une vision à 2050 et même 2100, une vision de résilience face aux changements à venir. Nous partons du principe que des transformations profondes et massives de la société sont à anticiper par les architectes.
Nous prendrons pour hypothèse de départ que la population de Marans sera amenée à croitre dans les années à venir : Repli de personnes habitant dans des communes plus proches de la mer et soumis aux aléas de la submersion marine ; Nouveaux agriculteurs attirés par la qualité des terres du Marais Poitevin et actifs dans le développement d’une agriculture principalement maraichère.
Dans ce contexte la ville de Marans peut-elle devenir un lieu de vie soutenable et désirable ? Quels logements, quels espaces de travail, quels services à Marans ? Où et comment intervenir dans la ville pour amorcer ce chemin ? Quelles approches souples, légères et évolutives, compatible avec les enjeux climatiques et les contraintes économiques pourrait-on esquisser ? Quels processus mettre en œuvre pour apprendre en marchant et faire évoluer cette ville autrement que par de grandes décisions d’urbanisme, dont le volontarisme et l’autoritarisme n’est plus de mise ? Quel nouveau lien entre nature et urbanité pour Marans et le Marais Poitevin ?