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Année : 2020
Auteur :
Docarragal Montero, Hector

Mots clés :

198 Contributions pour penser la ville. Et demain on fait quoi ?

Hector Docarragal Montero, "Plaidoyer pour un milieu vernaculaire urbain", dans 198 Contributions pour penser la ville. Et demain on fait quoi ?, Paris : Pavillon de l’Arsenal, 2020

« La raison qui les fait sortir de la ville était le désir de retrouver la campagne et d’échapper aux désagréments de la ville. La raison qui les y ramène est qu’il n’y a plus de campagne là où ils sont et qu’ils désirent retrouver les avantages de la ville. Mais quand tout sera partout, où que vous alliez vous ne trouverez rien de tangible ni de spécifique ».
(Christopher Alexander et Serge Chermayeff, 1972, 58)

L’impuissance d’échapper à nos villes pendant la pandémie.

Tout récemment, quelques jours avant la mise en place du confinement, les habitants des grandes agglomérations ont pris la décision de quitter leur appartement en ville pour se soumettre à la quarantaine dans les maisons de famille à la campagne. Pour de nombreux citoyens, l’appel du local s’est imposé face à cette crise globale dont les conséquences restent encore incertaines comme un instinct de survie qui les a renvoyés au sein de leur maison d’enfance. La raison qui les a fait sortir des métropoles a été le désir de se libérer des monotonies du confinement en ville ; et plus intimement, comme un souvenir d’enfance, de retrouver l’environnement convivial de la campagne où ils ne peuvent que se délecter des bonnes choses.

Georges-Hubert Radkowski, penseur polonais, affirma dans les années 60 la disparition de la campagne. Selon lui, la ville en réseau a tellement privilégié les contacts hors-site, rapides et distants [2], que les rapports physiques au sol et les repères immédiats du territoire se sont effacés [3]. Dans le réseau de la ville hypertrophique, le terme vernaculaire s’associant d’une manière générale à un paysage rural au-delà des métropoles ne devient donc qu’une « illusion de la campagne disparue » [4]. A présent, soumis au confinement soit en ville, soit dans la maison de campagne nous restons encore connectés au réseau. Nos appels vidéo, les visioconférences et le télétravail sont des gestes résiduels de nos vies pré-crise qui témoignent aussi de notre impuissance de fuir la ville hypertrophique sans limites que nous avons paradoxalement quittée... (À suivre)

Voir en ligne : Pavillon de l’Arsenal, Paris