La fiction artistique que nous présentons ici est le fruit de la collaboration de deux femmes, l’artiste Béatrice MEUNIER-DÉRY et l’architecte-paysagiste Xiaoling FANG dans le cadre de la 9e Biennale « La Science de l’Art » en 2021. Depuis 23 ans, Béatrice Meunier-Déry poursuit un voyage immobile et narratif qui enchevêtre corps scientifique et poétique. À travers le récit, élément matriciel de sa pratique, elle explore les questions de l’intime, les transformations cycliques du vivant, ses processus de guérison et de renouveau. Elle consacre ainsi une vaste période à la production d’œuvres témoignages, souvent confectionnées en textile, qui racontent des destins vulnérables, dans un processus de fabrique long et expérientiel, relevant du geste votif. Ce mécanisme accorde une dimension performative à l’acte de création, dans ce qu’il contient d’expiatoire et salvateur, censé pallier l’impuissance de l’artiste à agir sur le réel. Dans ces objets à vocation protectrice, la vie l’emporte toujours ; elle s’incarne dans une esthétique objectivée, un travail de l’ornement et de la parure qui là aussi, laisse une place fondamentale au temps […] Sans se réduire à de simples objets de contemplation, ces œuvres procèdent d’un acte de sublimation, changement d’état qui exorcise les épreuves de la vie …(Bio selon C. Ruggeri, 2021, Blog de l’auteur). Xiaoling Fang est actuellement chercheuse et enseignante à l’école d’architecture, et est rattachée à l’unité de Recherche AMP ENSA-PLV / HESAM / MC. Elle a précédemment contribué à la revue Plastir en publiant un article comparant la mythologie de Barthes à la mésologie de Berque dans Plastir 58, 06/2020. Ses intérêts scientifiques portent sur le développement de la créativité du concepteur à travers l’expérimentation, et sur la recherche de l’action dans le domaine d’architecture, de paysage et d’urbanisme. Passionnée par la littérature et l’art, elle a contribué à la construction de la fiction inspirée de la création artistique de Béatrice. L’histoire se déroule autour de deux personnages ayant des visions très différentes du changement climatique, Linnea Kvarn, une bryologue suédoise éco-anxieuse d’origine samie, imaginée par Béatrice, et Ling, un farfadet « moussien » créé par Xiaoling. Deux points de vue décalés permettent de relativiser l’angoisse, et durant l’aventure, des réflexions dans et sur l’action s’entremêlent et parviennent à tisser des liens entre science et art. L’idée de vivre en tant qu’un (une) autre et de croiser les univers de deux personnages évoque le principe de la diversité du milieu, et souligne le fait que nous vivons en lien avec les autres. L’article est constitué de deux parties : une présentation du contexte de la création, suivie du « Journal de Ling », illustré par des dessins de Béatrice.
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